Maitriser les techniques d’examen en mode B du segment postérieur

Dr Mario de La Torre

Aujourd’hui, l’utilisation du mode B pour les ultrasons pour l’œil et l’orbite représente une technique d’aide au diagnostic essentielle pour l’ophtalmologue. Cet examen, autrefois réservé aux spécialistes, est devenue aujourd’hui un excellent outil d’aide pour un ophtalmologue généraliste. Il est nécessaire que chaque ophtalmologue soit formé à cette technique et ait connaissance des quelques pré-requis à la réalisation de cet examen. Il pourra ainsi tirer profit de sa polyvalence en appliquant cette technique pour ses patients. Mais la chose la plus importante de toute est : d’ « abandonner la crainte » de tenter cet examen. 

Pour ce faire, nous voulons donner quelques conseils qui vous permettront de prendre en main ces techniques d’examens afin obtenir les meilleurs résultats et également les plus utiles. Premièrement, vous avez besoin d’une machine à ultrasons appropriée, nous utilisons l’ABSolu® avec les sondes 15 MHz et 20 MHz 5-anneaux. La différence entre ces sondes est que celle de 15MHz permet un « scan » initial avec des images focalisées sur le segment postérieur, alors que celle de 20 MHz, permet d’obtenir des images multifocales du vitré à l’orbite rétrobulbaire. 

Il faut savoir que l’objectif principal premier est de déterminer si ce que vous voyez est « normal » ou « pathologique ». En effet, même si cela peut paraitre incroyable, le simple fait d’être capable de déterminer si ce que vous observez appartient à l’une de ces deux catégories, constitue 50% du travail pour un examinateur novice. Une fois que cela est fait, il faut passer à l’étape suivante : déterminer ce qui est vu comme pathologique. Même à ce moment-là, ce n’est pas nécessaire d’être expert puisqu’il s’agit de décrire en détails ce que nous observons et les caractéristiques des ultrasons : forme, taille, réflectivité, luminosités, présence ou non de vascularisation, mobilité, post-mouvement, etc… Nous pouvons ainsi guider au mieux les autres intervenants dans la caractérisation de la pathologie. Vous pourrez par la suite continuer à vous améliorer et devenir un expert grâce à l’expérience.

 

Trucs et astuces pour réaliser l'examen

Une fois convaincu de cela, nous devons suivre les recommandations suivantes pour réaliser correctement l’examen :

Nous devons placer le patient dans une position confortable, idéalement semi-assise, avec la tête en face de nous et en face de l’écran des ultrasons. Ainsi, nous pouvons observer la position de la tête, la direction du regard, et les corréler avec notre compte-rendu d’examen. Nous devons garder à l’esprit que les ultrasons sont dynamiques : la sonde que l’on tient et l’œil du patient doivent être tous les deux en mouvement. De cette façon, nous pouvons réaliser un examen convenable du segment postérieur, notamment sa périphérie. Une erreur fréquente est de placer la sonde seulement en direction du segment antérieur, sans la balancer, ou sans demander au patient de bouger son œil dans des directions différentes.

  1. Les sondes ont un marqueur (souvent une ligne blanche) qui indique la direction que prend le faisceau d’ultrasons en quittant le cristal piézoélectrique. Ce marqueur permet de définir ainsi la zone supérieure du déplacement sectoriel de celui-ci. En d’autres termes, la ligne nous indique ce qui est supérieur sur l’image de l’écran. Dans le cas de la sonde 20 MHz à 5 anneaux, il y a un capteur de mouvement intégré qui, après être calibré à 12h, reflète sur l’écran la direction du faisceau pendant l’examen. Habituellement, la sonde doit toujours être placée pointant par-dessous ou en direction du nez du patient.
     
     
  2. Chaque examen commence avec un balayage de la circonférence de manière transverse (orienté par la ligne) avec 8 positions : supérieur, supra-nasal, nasal, infra-nasal, infra-temporal, inférieur, temporal et enfin supra-temporal. Afin d’examiner chacune de ces positions, nous devons tourner notre poignée afin que la sonde pointe la région la plus antérieure, puis la région centrale et enfin la zone postérieure du globe oculaire, à chaque zone de balayage.

     
  3. Si nous trouvons des anormalités, nous devons combiner cet examen avec une approche longitudinale, en tournant la sonde à 90° de la position transverse. Nous obtenons ainsi la vision de « la position horaire examinée » qui différencie clairement ce qui est antérieur de ce qui est plus loin dans l’ultrason. Après avoir déterminé la zone horaire de la lésion et sa position antérieure ou postérieure dans l’œil, nous devons procéder au « centrage » de l’image. Cela permet d’afficher l’emplacement de la lésion à étudier au centre de l’image et d’avoir le plus d’échos possible, afin d’observer ses structures internes, sa réflectivité, la présence ou non de vascularisations, la prise de mesures, etc… Nous ne devons pas oublier de varier le gain pendant l’examen afin de mieux définir les bords de la lésion, éliminer les bruits de fond et définir clairement les caractéristiques ultrasonores de la lésion.

     
  4. Il est important d’être attentif aux structures oculaires et orbitales, et de les décrire dans le bon ordre. Pour ce faire, il est préférable de suivre un protocole de rapport, en commençant avec la description du corps vitré, sa mobilité, les adhésions et leurs types : si elles sont fortes ou faibles, leurs opacités, la présence de corps flottants, tractions, déchirements ou détachements, en plus d’autres pathologies. Ensuite, continuez à décrire la rétine dans le segment postérieur et en périphérie, son intégrité, si elle se détache mais aussi tout autre lésion qui peut être observée. Une fois que cela est fait, décrivez la choroïde et la sclère, notamment leur épaisseur dans le segment postérieur ainsi qu’en périphérie, ou la présence de lésions qui occupent cet espace. Ensuite, regardez s’il y a des lésions dans l’orbite, en le séparant des muscles extra-oculaires et du nerf optique, ce qui devrait être normalement vu plus clairement.  

En suivant ces simples recommandations, nous pouvons commencer à maitriser correctement l’examen en mode B en gagnant de l’expérience progressivement. Une dernière recommandation est de toujours avoir un mentor, et d’avoir le désir de continuer à apprendre malgré les erreurs, Si vous pouvez combiner les résultats d’ultrasons avec d’autres méthodes, vous pouvez établir des comparaisons qui vous serviront pour le prochain examen.

Alors, avec des ailes et un bon vent… Commencez à maitriser l’examen en mode B sans crainte et avec beaucoup d’enthousiasme !